Le surendettement des Français va perdurer

La ministre de l’Economie Christine Lagarde déclarait ce dimanche vouloir mettre un terme aux abus du crédit aux particuliers, de façon à enrayer le surendettement des Français. En réalité, ce sera au consommateur de s’imposer des limites, pas aux organismes de crédit. Un coup d’épée dans l’eau.

Christine Lagarde, interrogée par le Journal du Dimanche sur le projet de loi de réforme du crédit à la consommation, veut rendre l’emprunteur “responsable”. (cf le credit responsable du credit agricole et le regroupement de pret immobilier Cetelem) Mais comment devenir responsable lorsque le pouvoir d’achat du consommateur, menacé par le chômage, diminue et qu’il a des bouches à nourrir ?

surendettementLa ministre, en ne voulant pas supprimer les crédits dits “revolving”, montre un intérêt certain pour le redémarrage de la consommation des ménages, qui continuent en réalité à s’endetter pour rembourser d’autres dettes. Sur l’année 2015, le rachat de credit la Poste s’est vu augmenter de 10% pour faire face à la crise.

Car le crédit “revolving” a des taux d’intérêts très élevés que l’emprunteur ne peut rapidement rembourser, puisque la plupart du temps il ne rembourse que les intérêts d’un mois sur l’autre, et souscrit à plusieurs revolving pour rembourser les autres.

C’est un cercle vicieux qui propulse très rapidement les ménages dans le surendettement. Le nombre de dossiers de surendettement a d’ailleurs augmenté de 17% depuis le début de l’année selon la ministre ; signe non pas que les ménages consomment, mais qu’ils ne réussissent pas à rembourser leurs dettes.

Christine Lagarde affirmait dans le quotidien que “40% des achats par correspondance à La Redoute ou aux Trois Suisses sont réglés avec des cartes de crédit revolving. Il y a des milliers d’emplois à la clé. Je préfère rendre le crédit responsable plutôt que de le supprimer.”

Autrement dit, le consommateur devra lui-même demander à ce que sa carte de fidélité soit utilisée à crédit, “une fonction qui ne sera plus automatique”. Quel progrès ! Les établissements de crédit vont donc rajouter des téléopérateurs – c’est ce que la ministre appelle certainement “la création d’emplois” – qui ne feront qu’acquiescer toute la journée pour que les cartes soient utilisables.

Et la France de gonfler un peu plus cette nouvelle bulle de crédit, comme le soulignait déjà en juillet dernier Cécile Chevré dans sa Quotidienne: “Cette deuxième explosion du crédit est donc plus importante que la première, car elle n’est pas seulement alimentée par les crédits immobiliers mais aussi par les crédits à la consommation et mêmes ces bouts de plastique qui peuvent nous paraître banals d’apparence que sont les cartes de crédit.”